25 ans que le Clos de Villers-la-Vigne brille dans le terreau brabançon, 250 ans que les moines ont laissé en friche leur petite vigne du jardin de l’abbé après 500 ans de dur labeur. 25 ans, c’est l’âge adulte, l’âge où les parents, les fondateurs, peuvent regarder fièrement leur bébé voler de ses propres ailes.
Ce midi, nous avons plus d’un fondateur parmi nous, tous « bon pied bon œil » que nous accueillons avec bonheur et reconnaissance. Moi qui les ai suivi 23 ans sur 25 je puis vous garantir que le Clos de Villers-la-Vigne est toujours archi présent dans leurs pensées et dans leurs cœurs. C’est pourquoi je vous propose de leur témoigner notre reconnaissance éternelle en les applaudissant généreusement. J’ai nommé Albert, Jean, Guy et Richard !
Sachez que pour nous tous ici, le vignoble est le meilleur psychologue au monde. Combien de bobos au cœur ou au corps ont été pansés ici…et je sais de quoi je parle. Passer de la fécondation en 90 à l’anniversaire aujourd’hui requiert bon nombre de soins. Nous avons invité aujourd’hui les 160 membres qui font le vignoble en 2015 mais aussi les 260 anciens membres et acteurs qui ont fait Villers-la-Vigne à un moment donné de leur passage en nos quatre murs.
Villers-la-Vigne est un nouveau miracle entre les murs de la fière et vénérable abbaye de Villers. 399 ans jour pour jour…après l’accident de la petite fille qui tombe des marche à l’ombre du vignoble, preuve notariée de l’existence de la petite vigne près de la porte de Namur, voici qu’au 20 et 21 ième siècle, dans un endroit béni des dieux, un groupe d’amis soudés par des liens forts se retrouvent chaque samedi – et même plus si affinité – pour faire revivre ce petit bout de bonheur en intraveineuse…il fallait bien que je la place celle-là…en produisant un vin rouge au Nord des Ch’tis. Un vin fruité, ensoleillé, alcooleux, long en bouche, avec des arômes de poivrons verts et poivre noir, velouté, aux tannins fondus et soyeux qui chatouille même les créateurs allemands du cépage et force le respect et l’admiration par une qualité connue, reconnue et diffusée intra et extra muros.
Ces 25 années ont vu trois jumelages (Torgny, la Mazelle, Montmartre) deux parrainages (Genval, la Hulpe), trois « tour-opérateurs »…Wa-quelque chose, Braver et Marnic, trois chorales (sous la direction de Jean, Bernard et Patrick/Isabelle), quatre chais (Cortil, Noirmont, Marbais, Villers) , cinq cépages (Léon Millot, Regent, Phœnix, Bianca et Sirius), deux maîtres de chai (Christophe et Olivier), six chefs de culture (Richard, Jean-Luc, Mireille, Ivan, Marc, Jean-Jacques), quatre présidents (Richard, André, Jean-Paul, Christophe), deux soirées contes, bientôt quinze soirées jazz, quinze vendanges, douze cuvées, deux médailles, deux Vins de pays des Jardins de Wallonie et dix vins de Belgique, deux cents bouteilles de Mistelle, cinq cents bouteilles de Marc, quarante kg de pralines fourrées au marc et…plus de trois mille bouteilles de Léon Millot, Regent et Phoenix.
Les projets en tout genre ont grouillé, barboté, fourmillé, fermenté dans nos cerveaux embués par les vapeurs…de la passion. Accès PMR, cabanon, abattage des arbres porteurs d’ombre, rénovation de l’escalier et des murs, recherche de subsides, équipement du chai, création d’étiquettes, de logos, de verres, équipes de guides patentés, commission jazz. L’adolescent que nous étions est maintenant adulte. Il parle biodynamite, permaculture et développement durable. Et à ce propos…a l’instant où nous disons au revoir à Jean Pyls, le gentleman Bordelais, Henri Gilles, le papa de l’escalier, Liliane Noël et ses chapeaux fleuris, Michel Mascart et sa trousse à outils, Philippe De Bueger et sa victoire de la modestie, Jacques Pompe, notre érudit aux mille mots, nous nous devons de regarder devant… tout en pensant à l’immense héritage qu’ils nous ont laissé. C’est là que le chantier doit à nouveau être lancé, comme l’ouvrage déjà maintes fois remis sur le métier.
Notre Confrérie se doit d’impérativement trouver les moyens d’attirer les jeunes générations et leur offrir ces moments précieux où le temps subitement s’arrête, où leur temps n’est plus compté, où plus on partage, plus on reçoit. Il faut proposer aux plus jeunes autour de nous cet espace de liberté où l’autre compte plus que soi, où les différences s’ajoutent, où la main sur l’épaule et le sourire échangés le samedi matin soignent les blessures accumulées la semaine. Nous devons trouver cet espace sans frontières, couleurs, religions, langues, où la globalisation et la mondialisation étouffent. Cet espace où la solidarité inter générationnelle et les hobbies groupés sont des valeurs portées par toutes et tous haut et loin.
En cette date anniversaire, je tiens encore à remercier tous les Conseils d’Administration dont j’ai fait partie (il y en a 16) et de votre confiance à tous cette année lorsque vous m’avez demandé de reprendre les rênes de cette fantastique aventure et association. Je m’arrête un instant pour remercier en votre nom à toutes et tous, le comité du 25 ième, à savoir les quatre dames Annick, Michèle, Marie-Thérèse et Juliette, les deux Paul et André ainsi que le reste…du CA. Ils ont été tout simplement fantastiques. Merci enfin aux invités, aux jumeaux et filleuls qui ont fait Villers et qui ont rehaussé de leur présence notre anniversaire aujourd’hui. Puissent-ils être les fidèles garant de notre qualité et rester à nos côtés longtemps, preuve de leur amitié au-delà du temps. Enfin, merci à Tanja qui partage ma maîtresse, la vigne, avec un sourire complice. J’ai probablement une grosse dette que je ne pourrai jamais lui rembourser. Puisse-t-elle me pardonner de partager mon temps et multiplier mon amour pour ces deux passions. Longue vie à notre vignoble et à vous toutes et tous.