Ce jour tant attendu paraissant encore lointain, certains auraient pu cesser d'y croire. Loin des yeux loin du cœur? Soyons sérieux: pandémie ou pas, chacun d'entre nous porte en lui quelque chose de notre clos de bonheur, une petite flamme qui luit au fond des regards. Cette séance de travail sonnait comme un renouveau.
Oui mais attention: soyons sûrs que cette vilaine chose venue de fort loin continuera de nous importuner. La menace est toujours présente. La réouverture de notre petit clos n'a été possible qu'au prix de restrictions négociées avec des autorités compétentes et qui, si elles ne réjouissent personne, restent nécessaires à la sécurité de chacune et chacun d'entre nous et de celles et ceux que nous aimons.
A l'instar du chevalier Roland au col de Roncevaux, c'est bien tardivement que Jean-Jacques avait soufflé dans son olifant. N'empêche qu'une vingtaine d'entre nous ont tout de même accouru.
Ceux qui imaginaient une jungle inextricable derrière nos murs en seront pour leurs frais: notre vigne est toute belle et se porte comme un charme. Les feuillages sont fournis, la barbe d'André aussi. Les grappes naissantes sont abondantes, les roses font leur métier de roses et les perspectives de récolte incitent à l'optimisme.
Il faut dire que les activistes de l'équipe viti n'ont pas ménagé leurs efforts via des séances de travail restreintes, dans le respect des préconisations sanitaires que l'on sait. Et puis, le soleil a dardé ses rayons sur nos cépages plus souvent qu'à son tour et les pluies récentes sont venues à point nommé.
Aux dires de certains, on aurait peu travaillé ce matin-là.
D'abord, finaliser un travail de palissage. Un vigneron à l'extrémité de chaque rang, c'est vite fait. Ailleurs on s'active: une main traite le mobilier de jardin avec grâce, ici on finalise l'installation d'un système de distribution d'eau et d'irrigation, Monique a retrouvé ses roses qu'elle bichonne comme personne. On vit même Paul faire un brin de ménage là-haut, sur le toit du cabanon.
11h30, déjà. Il reste tant à faire: papoter, rêvasser, refaire le monde. Et tous ces vins qu'il nous faut déguster: au boulot!
De nouvelles séances de travail viendront prochainement. Notre agenda, lui, est devenu à géométrie variable et mieux vaut conjuguer ses allégations au conditionnel, dans l'attente de nouvelles certitudes. Ainsi notre barbecue de la fin juin est reporté à plus tard. Des précisions suivront. Les visites programmées du vignoble sont suspendues jusqu'en août au moins, celles à la demande feront l'objet d'aménagements.
Le soleil, lui, s'en fiche. Et puis la vigne, le vin et l'amitié résistent encore et toujours à l'envahisseur. Rassurant, non ?
A bientôt pour de nouvelles aventures. Phlippe "Soyez sévère pour votre propre vin, à cause du plaisir que vous désirez faire aux autres, et indulgent pour le vin d'autrui, parce que c'est un ami qui vous le verse." Maurice Constantin-Weyer