Consécratoire d'une saisons d'efforts, d'espoirs et d'interrogations, de joies ou de déceptions, on le pratique avec solennité deux fois par an : une pour le Phoenix, une pour le Regent.
A l'instar de votre serviteur écrivant ces lignes, le ciel brabançon était un peu mal réveillé ce matin-là. Mais qu'importe: chacun paré de son courage et sa bonne humeur, sécateur frémissant d'impatience, une cinquantaine de vignerons s'étaient donné rendez-vous ce samedi, bien décidés à être de la partie.
Retrouvailles, salutations d'usage, plaisanteries, et voilà les plus matinaux d'entre nous affairés à ôter les filets protégeant nos cépages des convoitises des oiseaux. Les passer par dessus les rangs est toujours un moment épique. Les rassembler et les placer dans leur casier où ils attendront sagement la prochaine saison nécessite un bel ordonnancement dans les gestes, que pimentent joyeusement les «Attends y'a encore des feuilles», «M'enfin ! Tire pas comme ça!», ou les « Hé! Tu dors ou quoi?»
Bientôt onze heures! Juché sur un perchoir de fortune qui le rapproche un tant soit peu de la voûte céleste, notre Président inspire un bon coup. « Je te me vais leur envoyer un de ces discours…! » semblait-il se dire. Majestueux, le discours le fut. Jugez-en par vous mêmes en suivant ce lien. Olivier et Jean-jacques évoquent ensuite les aspects pratiques et dispensent quelques recommandations: c'est parti !
Les clic! des sécateurs ont quelque chose de rassurant. Chacun met du cœur à l'ouvrage. Regardez-moi ça: c'est beau, non?
Rapidement une file se forme à la pesée. «Un renfort-caisse est demandé!» blague quelqu'un. Autour de la balance, pas le temps de s'ennuyer: on s'affaire et les kilogrammes s'ajoutent aux kilogrammes, jusqu'à totaliser 525.
Sitôt le seau pesé on en verse le contenu sur la longue table de tri. «Allez-y doucement! Attention à ne pas blesser les grappes!» avait insisté Olivier. Munis de petits ciseaux dont l'usage est une composante essentielle de notre spécificité, les trieurs scrutent les grappes impitoyablement. Les seaux continuent à se déverser «Et il m'en ref… encore!» ronchonne quelqu'un à mon intention, tandis que les autres rigolent.
Voilà, c'est trié! Nous avons éliminé 34 kg de grains pourris ou abîmés, petites bestioles et autres corps étrangers. Place à ce qui est devenu un de nos rituels immuables depuis que notre nouveau chai existe: la longue chaîne, constituée d'une alternance de vignerons et de bacs chargés de raisin qu’il nous faut acheminer vers le chai sous le regard médusé des automobilistes à l'arrêt. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit 491kg de raisin traverser la route!
Ça y est, c'est empilé dans le local chauffé afin d'amener le raisin à une température de 26°C pour le lendemain. Observez-les bien, ces deux-là: c'est à eux que nous allons confier notre récolte.
Très beau sucre, très belle acidité m'a confié Olivier. Dès le lendemain, le processus de macération carbonique était lancé. Saturation du raisin en CO2 à 26°C pendant une semaine. Laissons faire l'équipe vini, elle en a vu d'autres.
Allez, on a bien travaillé. Place au réjouissances gustatives à présent. Ripailles, mangeailles et cochonnailles pour que nos flacons se sentent moins seuls, plaisanteries, partage et convivialité: là est la vie.
Ah oui, j'oubliais: on est les MEILLEURS! Comment? Vous en doutiez? Alors cliquez donc sur la photo ci-dessous pour voir…
Philippe La jeunesse est une fleur dont l'amour est le fruit… Heureux le vendangeur qui le cueille après l'avoir vu lentement mûrir ! Alexandre Dumas