Abandonnée à elle-même, la vigne retrouve rapidement son état naturel qui est celui d'une liane, à la croissance continue. Sans taille, elle s'allonge et se ramifie; la production de bois l'emporte alors sur la fructification. La taille est donc nécessaire à une production de raisin satisfaisante, tant en quantité qu'en qualité. Pendant l'hiver, la vigne se repose. C'est à ce moment qu'il faut raccourcir les sarments poussés l'année précédente, pour préparer la future récolte sur des sarments neufs. La taille peut s'effectuer pendant toute la période de repos végétatif, en évitant les périodes de gelée. La taille, qui sélectionne le nombre des bois et leur position et limite leur longueur, a pour but de régulariser la production des fruits en quantité comme en qualité. Cette opération permet de ralentir le vieillissement de la souche et de prolonger sa production. La taille peut en principe s'effectuer pendant toute la période de repos végétatif mais, compte tenu des risques de gelées, elle est généralement pratiquée entre décembre et février.
La bonne période : chacun la sienne, et une question d'habitude…
Mais la taille de mars est idéale pour ne pas faire démarrer la vigne trop tôt et éviter les gelées. Un peu de retard sur la fructification, mais aucune prise de risque… C'est qu'en mars, la sève commence à couler et donc empêche les spores des diverses maladies du bois de rentrer par les plaies de taille …
Toujours à l'écoute du bon sens contenu dans les dictons de nos ancêtres, nous voici en ce beau mois de mars de retour à nos vignes. Les vigneronnes et vignerons de Villers étaient venus nombreux, travaillant courageusement sous une bise glaciale et une brise du Nord à faire tomber les dents.
Tout le monde se souvient que la bise et la brise, ce n'est pas pareil… La bise c'est le froid et la brise c'est un petit vent frais… Nuances, mes amis…
Cette année encore la taille fut particulière et adaptée à l'historique de notre vignoble puisque nous avons taillé au cas par cas, suivant la vigueur du pied de vigne. Nous avons pratiqué :
Tantôt une taille Guyot, une taille longue, caractérisée par une baguette fructifère de 6 à 12 yeux installée dans le sens du palissage, sur le fil porteur, et un courson de rappel à 2 yeux pour le renouvellement de baguette…
Tantôt un petit Cordon de Royat, une taille courte, caractérisée par 1 ou 2 bras horizontaux, portant 2 à 5 coursons ou porteurs, installés dans le sens du palissage sur le fil porteur, au minimum à 60 cm du sol.
et souvent même une taille bâtarde ou mixte.
Peu importe, du moment d'avoir toujours en tête la même logique de taille, le rachet ou sarment de renouvellement. On trouvera même sur les terrasses quelques Cordons de Royat double pratiqué sur des pieds plus âgés.
Le but étant de chaque fois adapter la taille, à la vigueur du pied tout en occupant l'espace libre entre deux pied qui est dans notre Clos de bonheur de un mètre environ. Suivant le cas nous avons ainsi laissé entre un et cinq bourgeons fructifères.
Autre petite particularité cette année, afin de faciliter le palissage et également de mieux répartir les sarments dans l'espace entre deux pieds, nous avons compté uniquement les yeux dirigés vers le haut, Ceci, afin de faciliter le palissage et également de mieux répartir les sarments dans l'espace entre deux pieds.
Vers midi, tout le vignoble quitte les rangs taillés et palissés et se retrouve alors autour de la table de dégustation.
Croyez moi, la Place rouge était vide …devant moi marchait les vigneronnes…plus de bises glaciales, toutes bien chaleureuses pardi !…et pas de cri de famine car, comme sorti de nulle part, un pâté savoureux sur pain frais apporté par une vigneronne bien inspirée nous a réchauffé le corps et le cœur. Puis on a débouché en riant à l'avance du Phoenix – Villers 2008 et 2009 et l'on a presque dansé.