1. La viticulture et sa propagation jusque dans nos contrées.
Avec le blé, la vigne est une des plus anciennes cultures. 7000 à 5000 ans avant Jésus-Christ, la vigne est cultivée en Géorgie. Selon l’Ancien Testament, Noé plante le premier la vigne et en goûte les effets. Le vin est donné pour la joie, la consolation et le repos des hommes.
1600 ans avant J-C, scènes de vendanges et de dégustation chez les Pharaons.
L’expansion maritime grecque propage la vigne dans le bassin méditerranéen. Fêtes de Dionysos et de Bacchus dans les mythologies grecque et romaine. Le vase de Vix en Bourgogne atteste que les Gaulois boivent du vin grec 600 ans avant J-C.
» Le vin était tellement apprécié des Gaulois, qu’ils ne donnaient pas moins d’une jeune esclave pour une cruche de cette généreuse boisson. «
Plantation de la vigne au début de l’ère Chrétienne grâce à la conquête Romaine. Arrachage de la vigne gauloise par l’empereur Domitien au 1er siècle après J.C. Il ne veut pas que le vin produit y attire les barbares nordiques. Replantation par l’empereur Probus (276 à 282). Propagation accélérée de la culture de la vigne en Gaule car l’empereur Constantin se convertit en 323 au Christianisme et qu’il impose sa religion à tous ses sujets. La communion sous les deux espèces engendre la plantation des vignes avant la construction des églises.
Du VIIème au XVIème siècle, on plante la vigne en Belgique. Vallée de la Meuse (Huy et Liège), à Louvain, Diest, Léau, St. Josse, Schaerbeek, Wavre etc… Charles Quint, en guerre contre François Ier de 1522 à 1546, défend l’importation de vin de France » à peine de confiscation des vins et de perdre corps et biens « .La vigne est donc cultivée partout en Belgique au XVIe siècle.
Au XVIIème et au XVIIIème siècles, le vignoble Belge va disparaître presque complètement (sauf Huy), sous l’effet de fortes gelées et de l’amélioration des voies de communication. Les classes supérieures méprisent le vin du cru ou » vin paysan « , alors que la faveur du peuple va à la bière.
Au XIXème siècle Huy reste la capitale du vignoble Belge jusqu’en 1946.
De nos jours, on assiste à la renaissance du vignoble partout en Belgique et surtout dans le Hagueland et même à l’abbaye de Villers en Brabant.
2. Les moines et le vin
La vigne et le vin sont des symboles majeurs dans la religion chrétienne. Jésus se présente comme la vraie vigne, la nouveau plan de Dieu (Jn, 15). La joie que le vin procure est un partage de la joie divine. Le vin est le symbole du sang du Christ chez les Chrétiens.
Les moines se servent de vin. Non seulement pour célébrer la Messe, mais aussi pour la pratique médicale, pour tirer profit de son commerce, pour l’offrir aux hôtes et le boire eux-mêmes avec modération, comme le recommande Saint Benoît, au chapitre 4.35 de sa Règle écrite au VIe siècle.
Les moines et surtout les cisterciens, qui disposent à la fois du territoire, de temps et de science, maîtrisent bien la viticulture.
Assurés de durer, pouvant supporter les bonnes et les mauvaises années, les monastères sont seuls à pouvoir fonctionner à la fois comme centre de recherche (ils propagent le pinot noir et le pinot blanc), comme école de viticulture pour former convers et paysans et comme propriétaire récoltant. Les Cisterciens possèdent ainsi en France le Clos de Vougeot, Meursault, Aloxe Corton, et en Allemagne Eberbach.
Il ne faut donc pas s’étonner si, à la fin du moyen-âge, les abbayes cisterciennes de notre région possèdent toutes plusieurs vignobles. Notamment Orval, Aulne, Grandpré, Saint Bernard-sur-l’Escaut et Villers.
Villers elle-même possède 19 vignes en Brabant wallon: … Baisy, Sart Dames-Avelines, Court St-Etienne, Dion-le-Mont, Boussut, opprebais, Sart, Petit Rosières et Thorembais-les-Béguines qui est l’implantation la plus remarquable.
Hors de nos limites provinciales signalons qu’elle est aussi propriétaire de domaines viticoles à Louvain et même, pendant quelques dizaines d’années, au début du 13ème siècle, dans la vallée du Rhin et de la Moselle.
Quant au vignoble intra-muros de l’abbaye de Villers, dont on poursuit aujourd’hui la replantation, il est cité dans divers documents découverts par Omer Henrivaux, féru de viticulture et responsable du service des archives du Vicariat Général du Brabant wallon, citons: 1 – une autorisation de 1312, du bailli de Nivelles, de faire aller une « route jusqu’à la colline sous le vignoble devant la porte ». 2 – le récit, témoigné devant notaire, de la guérisson miraculeuse d’une fillette par Notre-Dame de montaigu, le 1er juillet 1626. Sa maman, la croyant morte, suite à une chute sur la tête, court avec son enfant dans ses bras, à la recherche de son mari qu’elle trouve « au delà des murs du jardin, occupé à tailler des vignes ». 3- des archives comptables de 1748 ç 1752 concernent la cuisine du couvent et qui ont trait, en principe, à l’enclos monastique proprement dit, et qui mentionnent des dépenses pour lier, couper et ramasser le raisin.