Ce samedi 17 avril, après une nuit particulièrement froide, André Sch, Paul, Jacques, Christophe et Tanja ont rendez-vous à 9h avec 25 vignerons enthousiastes et tous bénévoles du vignoble de 1ha de Steenen Muur situé à Wezemaal à deux pas de Rotselaar.
Ils sont là pour une explication historique et vineuse du vin de l’abbaye de Villers.
Il est 8h55 et voici déjà les premiers arrivants. André les accueille directement dans la langue du Hageland. Paul et Tanja sont là pour prêter main forte en cas de coup dur. Les regards et les mots sont chauds et fument dans l’air givré du matin tôt de cette belle vallée de la Thyle.
Nos amis vignerons ont le courage de l’enthousiasme. Ils ont restauré l’ancienne maison communale de Wezemaal, y ont installé le Centre de Visiteurs du vin du Hageland et y organisent chaque année la fête du Vin.
Leur vignoble, situé au cœur du Hageland, est partagé en 5 parcelles sur les pentes orientées sud-est du mont du vignoble (Wijngaardberg) colonisé par la vigne dès le Moyen-âge.
Leur vignoble est planté de Pinot noir, Pinot gris, Chardonnay, Sirius, Dornfelder et Bacchus. Tous leurs cépages sont vinifiés séparément et tous peuvent se targuer de l’AOC Hagelandse Wijn.
Le nom de leur vignoble fait référence au long mur datant probablement de 1814 long de 1,5 km sur les hauteurs du Wijngaardberg. Ce mur protégeait et protège toujours le vignoble des vents du Nord et des animaux de la forêt tentés par le beau fruit mûr de la fin de l’été.
Après un exposé bien complet d’une heure et demie, nos guides racontent la grande Histoire du vin depuis la nuit des temps, passent par la grande époque des moines vignerons, traitent du déclin de la viticulture belge et s’enflamment en abordant le chapitre de son renouveau où se mêlent le cycle de la vigne et le processus de vinification. Le feu de questions est nourri et démontre l’intérêt de nos visiteurs pour notre expérience toujours grandissante.
10h30. Les vigneronnes et vignerons de Villers sont bien là en nombre et la soif se fait sentir auprès du groupe de Wezemaal. Le groupe déguste et apprécie nos quasi dernières bouteilles de Phoenix 2008 et 2009 et emportent avec eux un verre gravé du sceau de Villers-la-Vigne.
Aucune crainte à avoir …Dans 9 jours nous embouteillerons notre Regent rouge friand et il reste encore quelques bouteilles miraculées de Phoenix 2009 et de Regent 2007 en cas de coups durs lors de notre rendez-vous de l’amitié et de la passion partagée ce 25 avril au chai de Marbais. Vous avez dit…Byzance…
Le travail au vignoble ressemble aujourd’hui furieusement à celui du 27 mars et du 5 avril.
Pour rappel, les besoins de la vigne sont différents selon les différentes phases de son cycle. Et l’azote des matières organiques du sol doit être disponible au bon moment.
Notre travail du sol doit aider à préparer le cycle annuel de la vigne qui, au printemps, a besoin d’un sol qui fonctionne et d’une flore naturelle peu à pas concurrentielle
Dès février avec l'annonce du réchauffement des températures de l'air, nous aérons le sol pour favoriser la réactivation de la biomasse. Nous n’oublions pas qu'avant de produire de l'azote, les micro-organismes vont en consommer !
Pour cela, nous éradiquons l'herbe sous les ceps. Quant à l'interligne, il est nécessaire de préserver une petite fraction de la flore naturelle pour favoriser sa recolonisation rapide au moment venu. Nous intervenons à l’aide du motoculteur sur sol frais et nous évitons de faire des semelles de labour en piétinant la parcelle.
En été dès fin mai, un couvert végétal de l'interligne est très utile. Il favorise la recolonisation de la flore naturelle entre les rangs pour qu'elle soit compétitive dès la nouaison. Il arrête les labours sur l'interligne ; la flore qui se développe entrave les repousses sous les ceps. Il ne faut pas oublier de soigner les passages sous les ceps (interceps) ; l'élimination de l'herbe sur la ligne est nécessaire à ce stade (moins d'humidité dans la végétation et probabilité de recolonisation estivale réduite).
Un peu plus tard dans l’été, de la nouaison à la récolte, nous éviterons de labourer, même sous les ceps, sauf si la flore menace de monter dans la vigne en végétation. Nous devrons préférer la tondeuse interceps.
Et…si le sol est sec à très sec, nous éviterons de tondre : une graminée à épiaison (apparition de l’épi) consomme beaucoup moins d'eau qu'un regain après la tonte
Et si le temps est pluvieux, au contraire, nous n’hésiterons pas à multiplier les tontes, pour que les regains entrent en compétition avec la vigne.
En automne et hiver, l'enherbement naturel reprend alors tout l'espace de l’interligne. La flore naturelle va reprendre progressivement sa place.
Le soleil hivernal de ce matin tôt contraste délicieusement avec celui de cette fin de matinée où il réchauffe lentement mais sûrement nos dos et nos épaules mis à l’épreuve ce matin.
Nous entamons l’apéro par de précieux échantillons de nos visiteurs du Nord sous les couleurs blanches et jaunes paille du Bacchus, Chardonnay et Pinot gris.
Puis les « pops »se suivent au gré des bouteilles partagées entre amis animés par le plaisir de se voir tous les 15 jours dans ce lieu magique des ruines de l’abbaye.
La mise en bouteille approche, le voyage d’étude…dans le Sussex est au bout de nos verres et la belle saison arrive.
La sève monte dans les ceps et autour de la table. C’est vrai…le réchauffement global nous donne des vins de la Thyle aux allures du Rhône…
« Eh bien Marius, peuchère, nous ne sommes pas dans la panade mais bien dans le piqueton ! »
O Bonne Mère ! Vous entendez ça ! Le vin nouveau est arrivé à Marbais !