Saint-Marc, fêté le 25 avril est une date importante pour celui à l’écoute de Dame Nature.
On est à la fin du mois, les fleurs sont nécessairement là même si l'hiver s'est attardé, et un temps trop rude peut les faire tomber et compromettre les récoltes à venir.
La littérature populaire regorge de dictions en ce 25 avril :
« Quand Saint-Marc n'est pas beau, pas de fruits à noyau »
« S'il pleut à la Saint-Marc, pas de panier ni de sac »
« À la Saint-Marc, s'il tombe de l'eau, il n'y aura pas de fruits à couteau »
« Saint-Marc mouillé au petit jour, c'est de la pluie pour tout le jour »
L’anticyclone promis a bien dirigé vers nos régions tout le week-end des airs de plus en plus doux, flirtant allègrement avec la barre des 25 degrés en ce 25 avril.
Le grand dernier jour de la Cuvée 2009 est arrivé.
CommeWC…Winston Churchill bien entendu et non Waterkeyn Christophe… faisait en juin 44, il levait son index et son majeur de la même main vers le ciel en arborant ainsi le Vde la victoire.
Pour nous, en 2010, nous levons aujourd’hui leVde la victoire de la qualité, le Vdu vin et du verre qui va avec…
Notre Regent primeur est fin prêt en ce beau mois d'avril 2010.
L'amour que tous les vigneron(ne)s du Clos ont apporté tout au long des 9 mois de travail au vignoble qui ont précédé sa venue au monde lors de nos vendanges de septembre a offert à l'équipe mise en place pour la vinification 2009 une qualité de fruit comme nous n'avions jamais vue.
D’accord, vous me direz…il n'y avait plus qu'à faire un bon vin maintenant …ah les YAKA…il n’y a plus qu’à savoir exprimer dans le verre la grande qualité des grappes, défi passionnant de refléter le terroir, le travail de 45 vignerons actifs, le soleil septentrional abondant cette année-là et la maturité aromatique et phénolique bien présentes dans nos baies bien gonflées.
Aidé de l'équipe des vinificateurs, le processus mis en place – de macération carbonique, de système empêchant l'écrasement des baies, la maîtrise du chaud et du froid, les nombreux soutirages, débourbages, fermentation, macération, l'équipement de première qualité, les ingrédients utilisés, tous respectueux de notre planète et de notre santé à nous qui allons déguster notre bébé bientôt…- a extrait du beau raisin offert 150 litres de vin particulièrement plaisant.
Dur… dur de ne pas commencer la mise en bouteille par une dégustation du bébé nouveau.
Les arômes de fruits rouges et non de pruneaux flottent déjà dans le chai encore fort frais ce midi alors que dehors la température monte bien au-dessus des 20 degrés.
Nous attendrons donc la dégustation du bébé nouveau en commençant par 4 bouteilles du Regent 2007, notre dernière cuvée disponible en rouge pour fêter ensemble le dernier jour de la cuvée 2009.
Et bien, nous pouvons dire que le Regent supporte admirablement le temps et le 2007 offre aux assoiffés de la Saint-Marc un bonheur et un plaisir que seul le partage peut encore amplifier. Les absents ont eu tort…mais il reste encore quelques dernières bouteilles de la Cuvée 2007. Bon à savoir, n’est-ce-pas ?
Mais nous devons d’abord travailler, prendre de la peine, mériter son verre tant attendu depuis deux ans !
Souvenez-vous l’espace d’un bref instant le moment douloureux de septembre 2008 où nous n’avions pas vendangé notre Regent. Nous avons plié le dos, courbé l’échine devant Dame Nature et bu, oui heureusement bu le Phoenix blanc 2008 et 2009 qui nous a fait patienter jusqu’aujourd’hui.
Alors aujourd’hui le rouge nouveau est arrivé Il est puissant, alcooleux, très aromatiques, une véritable explosion de fruits rouges et quelques épices très rhodaniennes…
Certaines…et certains lui retrouvent un nez de prunes bien caractéristique. Oui mais quelles prunes leur ai-je demandé ?
Reine-Claude dorée de Bavay ? La célèbre Mirabelle de Nancy ? La vigoureuse Quetsche d'Alsace? Les prunes de Brignolles préalablement pelées, puis enfilées sur des baguettes minces qui sont réunis en faisceaux puis entourées de paille et exposées au soleil jusqu'a ce que l'humidité ait disparue…ou alors, en ce site cistercien à l'histoire si prestigieuse, les fameuses "Couilles de Moine", parfaites en confiture ?
Mais je sais que vous ne souhaitez pas me croire sur parole en ce jour divin de la mise en bouteille du vin !
Saint Thomas, il voulait voir pour croire. Comme Saint Vincent, vous voulez boirepour croire !
Sous l’œil amical et implacable de toute l'équipe de vinification, les 2 lignes d’embouteillage se sont mises en place avec une bonhommie et une ambiance bon enfant toute caractéristique de l’amitié qui nous unit.
Pas trop de planning….surtout svp…et pas trop vite…prenons le temps de profiter de l’instant trop court par définition puisque le volume est compté alors que le bonheur d’être ensemble ne l’est pas…
Que cette journée soit festive pour toutes et tous et que tous ceux, toutes celles qui veulent s’essayer à donner un coup de main au processus de vinification puissent se donner à cœur joie, à gorges chaudes et souvent déployées lors de cette après-midi centrée sur l’amitié et le partage des émotions.
Un rappel détaillé de haut vol d’Olivier nous rafraichit la mémoire – à l’aide d’une flow diagramme bien complet – en parcourant le processus utilisé en 2009 pour nous donner le vin de ce jour, puis une explication rapide de Christophe a propos des différents ateliers à pourvoir en main d’œuvre passionnée pour un travail passionnant :
Deux ami(e)s au soutirage des deux cuves inox de 100 litres posées en hauteur sur le bahut, un(e) ami(e) au bouchon et un(e) ami(e) à la bouchonneuse, un autre à la pipette de mesure de niveau correct dans le flacon, puis un autre à la pose de la capsule sur la bouteille, et deux autres au fer chaud pour la faire rétracter sur le goulot. Puis deux autres ami(e)s à la réception dans les bacs, avec quelques mains pour porter les flacons d’un atelier à l’autre…
Le Chai de Marbais dans la Ferme de Christian connait à présent la fièvre des jours heureux où le vin coule à flot.
Vous avez soutiré 150 litres du vin (que nous n'avons pas filtré cette année, expression intacte de la belle matière et des débourbages efficaces) une dernière fois hors des deux cuves de 100 litres, vous avez mis en bouteilles 184 cols exactement, bouché et capsulé notre cuvée de Regent 2009, rouge primeur qui désaltèrera et enchantera nos gosiers toute cette année, anniversaire de nos 20 ans compris.
Que du bonheur en intraveineuse, je vous le promets !
Quatre bouteilles ont été ouvertes…seulement quatre pour nous permettre de faire la fête longtemps tous ensemble, puis les flacons de derrière les fagots sont sorties de derrière les ballots et nous avons retrouvé encore l’un ou l’autre travailleur (euse) un verre de vin à la main derrière une porte ou le long d’un mur, ou assis à l’ombre d’un muret partageant son plaisir avec l’autre ou l’un vers 18h00. Bizarre, vous avez dit bizarre. La mise en bouteille a tout de même été terminée vers 15h45…
Merci à toutes et tous de cette belle cuvée qui se termine et voici déjà la nouvelle qui pointe le bout de son raisin…
Merci à vous toutes et à vous tous d’être venu faire la fête ce dimanche sous l'œil averti et bienveillant de toute l'équipe de vinification.
La plupart regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi.
Les vigneronnes et vignerons du Clos de bonheur de Villers-la-Vigne les regardent telles qu'elles pourraient être en se disant pourquoi pas !