– On a fini! – Comment ça fini? – Ben oui, quoi: fini!
On avait dit onze heures. J'ai l'air de quoi, moi, les clés de voiture encore à la main, à débarquer ainsi comme les carabiniers?
Bah! Restons stoïque, et soyons philosophe: pour cette réunion du groupe vini, j'ai raté la partie boulot, mais j'arrive pour le meilleur: l'apéro.
Pour faire diversion, je sors mon appareil photo, et commence à déclencher à qui mieux-mieux: ça me donnera un peu de consistance, et on ne pourra pas dire que mon premier geste, sitôt arrivé, aura été de saisir un verre, fut-il plein de vide.
On fait cercle autour de Christophe. Il nous expose les orientations de l'activité de notre nouveau groupe vini. Ses explications sont claires et structurées. Mais je n'écoute pas : mon attention est toute entière tournée vers John, droit comme un i, la bouteille de rosé dans une main et le tire-bouchon dans l'autre, figé dans l'attente respectueuse de la fin des préliminaires pour entrer enfin dans le vif du sujet, et dont l'attitude n'était pas sans rappeler celle des anciens combattants lors de cérémonies commémoratives.
Devant ce tableau pittoresque, je faisais des efforts désespérés pour ne pas rigoler. C'est Olivier qui me sauva la mise. En fin stratège, il choisit ce moment crucial pour arriver à son tour. Non content de créer ainsi une nouvelle diversion salvatrice, il me raflait aussi le titre de dernier arrivé, titre que je lui cédai sans opposer de résistance.
Enfin, ça y est : la main de John actionne le tire-bouchon de manière ferme et décidée. « J'en ai dompté d'autres que toi, je te le garantis! » semblait-il dire.
Plop! fait le bouchon, pétant de joie d'être ainsi libéré de l'emprise du col de la bouteille qui l'enserrait depuis trop longtemps.
Le voilà enfin, le glouglou familier et rassurant du vin coulant dans les verres… Quelques bouteilles circulent. Une étiquette fait sensation, et inspire le poète qui sommeille en chacun de nous. Vous devinerez…
Dans le chai, tout est sens dessus dessous. Vous le savez, on déménage. Au mois de juin, nous serons installés dans notre nouveau chai. On parle remorques, attelage et transport de la cuve et autres équipements. Certes, on ne va pas bien loin d'ici, mais tout de même, il faudra redoubler de vigilance et veiller à bien s'organiser.
Nous faisons aussi le point sur notre 2011. Verre à la main, nous prenons l'air sérieux et avisé qu'affichent les grands dégustateurs de ce monde dans ces cas là. Des choix devront être faits. Des avis fusent. Des décisions devront être prises pour cette cuvée, mais il nous faudra attendre encore un peu.
Le soleil est haut dans le ciel. Un bel après-midi s'offre à nous. Certains repartent déjà, d'autres n'ont besoin de personne… 😉 Ce ne sont pas les occasions de nous retrouver et d'unir nos efforts qui vont manquer, dans un avenir proche.