La semaine passée, nous avons égrappé et foulé le raisin pour le déposer précieusement en cuve, où il a commencé la fermentation. Vous n'avez rien oublié, cher lecteur, des épisodes de ce passionnant feuilleton.
Depuis, le jus s'est déposé en bonne partie au fond du contenant. C'est le vin de goutte. Il nous faudra le transférer vers la cuve de 1000 litres. Ensuite, nous allons récupérer le moût et le presser pour en extraire ce qu'il reste de jus, c'est-à-dire le vin de presse. Le marc, quant à lui, ira dans des touries d'où partira la fermentation après chaptalisation.
Nous sommes une poignée de vignerons qui nous acquitterons de cette tâche.
Un joyeux déballage d'ustensiles, câbles électriques et tuyaux divers, et c'est parti. D'abord, un bon rinçage du matériel, tandis que d'autres installent la pompe. Branchements, test d'étanchéité, et nous voilà fin prêts.
« Pompons ! » lança André, guttural. La main de votre serviteur actionne le bouton de commande, et voilà le précieux liquide en route pour de nouvelles aventures. Laissons parler la mécanique, tandis que nous préparons l'étape suivante. Et votre serviteur pompait, pompait…
Voilà, c'est pompé ! On ouvre la cuve et on en sort le moût pour le déposer dans la presse au moyen de seaux. On gonfle la membrane qui va l'écraser contre les parois, et voilà le précieux nectar qui se met à couler ostensiblement dans le bac. Nous admirons sa belle couleur. Et votre serviteur pompait, pompait…
A pleines poignées, on extrait le moût dont on emplit les seaux. Un croquant passant par là aurait frémi au vu de l'aspect ensanglanté de quelques mains. On fait la file, seau à la main, pour rassasier une seconde fois la presse dévoreuse. Et votre serviteur pompait, pompait…
On étale le moût dans la presse afin de mieux répartir l'effort de la membrane. Voyez avec quelle application Olivier opérait, tandis que les seaux arrivaient encore. Et votre serviteur pompait, pompait…
C'est fait ! Tout le moût a été extrait et pressé. Le moût est devenu marc, son odeur est enivrante. Direction les touries, que l'on coiffera d'un barboteur. André s'extasie des premiers bloub! bloub! Le marc est impatient de nous gratifier de quelques flacons d'eau de feu. Et votre serviteur pompait, pompait…
Le vin doit encore être transféré dans la cuve thermorégulée, où il poursuivra son processus de fermentation. La pompe doit cette fois être connectée entre les deux cuves. La vide deviendra pleine, la pleine deviendra vide. Attention au sens de pompage sous peine de voir la pompe nous pomper l'air. Et votre serviteur pompait, pompait…
Allez, on a bien travaillé ! Pour des raisons de vérification technique, chacun d'entre nous est invité à goûter le nectar obtenu, et à formuler un avis. Une bouteille de Regent 2013 passant justement par là, on saisit l'opportunité de comparer entre eux les différents millésimes. D'autres vins sortirent de leurs cachettes. Ajoutez à cela un petit jambon corse et des pâtés de campagne et de biche…. Je ne vous en dis pas plus !