Un petit village gaumais, légèrement isolé entre les cuestas lorraines, niché au creux de doux bocages, clairsemés de petits bois de feuillus bien souvent décorés de boules de gui éternel, ce parasite qui remonte à la nuit des temps celtiques et qui se voit de loin accrochés aux arbres dénudés en ce mois de février.
Sous un soleil plus que timide, les pierres blondes du bajocien qui constituent les murs des maisons villageoises ne réchauffent pas assez les pièces et les ruelles mais bien le cœur des Torgnolaises et l’ardeur des lorrains belges qui les entourent. Les tuiles canal ruisselantes sous les bruines hivernales donnent à ce petit village gaulois des airs de Provence.
Torgny, un doux prénom pour un village qui résonne comme le son des cors de chasse après la chasse à courre dans nos oreilles de brabançons wallons, venus pour un week-end à 16 vignerons villersois fêter Saint-Vincent avec le Poirier du Loup, notre frère jumelé.
L’alambic trône, délaissé, sur la place de l’église comme un papillon aux ailes rabattues, trempées par la dernière pluie. C’est demain son grand jour. La chenille se transformera alors en une chaudière du diable, crachant son marc à 71 degrés sous les sourires goguenards des villageois médusés par tant de miracles de la nature, domptée par Jean-Christophe, le distillateur, à l’ombre des cloches de l’église Saint-Martin, reconstruite en 1948 après que les bombardements de la Ligne Maginot l'eurent détruite en mai 1940.
Pour ceux qui viendront en juillet lors de la fête des artisans, le village le plus méridional de Belgique, est situé au sud de la Province de Luxembourg, en Gaume, dans la commune de Rouvroy. A l’extrême sud de la Lorraine, la Gaume est aussi communément appelée la Provence belge suite au climat particulier qui y règne.
Au point le plus méridional, frontalier de la France, Torgny dore ses pierres sous un doux soleil, un brin plus généreux ici qu’ailleurs.
Village bucolique, touristique, de carte postale mais pas pour autant endormi. Le village est actuellement l’objet d’un important renouveau.
En 1996, il a été reconnu parmi les plus beaux villages de Wallonie.
Le Poirier du Loup (1ha50), comme toute la vigne belge a vécu une année 2016 peu glorieuse au niveau quantité malgré les efforts de leurs vignerons courageux. Comme pour le reste de l’agriculture, la récolte de raisins 2016 au Poirier du Loup n’a pas été bonne. 750 litres de vin pressé au lieu de 9000, comme en 2015, une des plus belles années pour le vignoble de Torgny, dans la commune de Rouvroy. Récolte morose donc, elle n’a pas empêché les bénévoles de fêter comme la dernière page des albums d’Astérix. Ils avaient bien l’intention que l’année 2017 soit l’année du siècle pour compenser 2016 ! L’intention est toujours le premier point d’une réussite d’une activité et donc ils voulaient fêter cette volonté commune d’obtenir une bonne récolte cette année !
Le calendrier prévoit la fête de St Vincent le 22 janvier. Mais comme chaque année, les vignerons de Torgny s’organisent pour se réunir un peu plus tard afin d’inviter leurs collègues d’autres régions dont Villers et fêter dignement notre Saint commun avec ceux qui ont apporté leur soutien au développement de notre vignoble communal.
Ils fêtent toujours en deux temps, le samedi pour les actifs et/ou proches les et le dimanche pour les actifs et le public extérieur qui est aussi intéressé par le programme proposé en lien avec la distillation des marcs de raisin.
Inutile de vous rappeler que la plupart des vignerons de Villers-la-Vigne étaient là pour deux jours !
Le samedi matin, la messe à Torgny confirme la tradition et le soutien du Saint aux vignerons avec la bénédiction des vins.
Le druide et le barde Les grands prêtres
A l’issue de cette messe, chacun est invité au vin d’honneur dans le chapiteau sur la place devant l’église.
S’ensuit alors un repas de produits du terroir préparé par les stagiaires horeca en formation au centre d’insertion-socio professionnel La Toupie.
Puis voici déjà venu le temps pour rendre hommage aux nouveaux venus travailleurs en 2016 qui ont été attitrés « vendangeurs du Poirier du Loup » ainsi que les travailleurs d’honneur.
Le dimanche, dès l’aube, la vapeur s’échappe de l’alambic qui s’échauffe buche après buche, engouffrées à la hâte dans sa gueule gourmande. Le druide Lachaise extrait de sa chaudière infernale le précieux breuvage magique qui réchauffera le cœur des femmes et des hommes de bonne volonté, sous la trompette ou cornemuse du barde bien nommé le Glaude.
A table !!! Dégustation des vins de Torgny et démonstration de la distillation des marcs et cuisson des cochonnailles du repas dans l’alambic. Oui vous avez bien lu.
A l’année prochaine pour cette dix-huitième Saint-Vincent ensemble!
Les frères jumeaux de Villers-la-Vigne et du Poirier du Loup.