St Vincent 2011: le discours du maître de chai (Blanc 2010).
Chers amis vignerons,
A l’occasion de cette Saint-Vincent 2011, et avant de commenter notre blanc 2010, permettez-moi de m’arrêter un moment sur quelque réflexion
Grâce à vous tous, et au vignoble que vous avez créé il y maintenant 20 ans, j’ai pu réaliser un rêve: guider l’élaboration d’un vin belge, en étant épaulé par une équipe d’amis vinificateurs sur qui on peut compter en toute circonstance.
Ce rêve réalisé n’est bien sur pas un aboutissement en soi, mais bien une étape dans un processus d’amélioration, ou plutôt un pas franchi dans le cadre d’une passion qui se doit, par définition, d’être alimenté année après année par de nouveaux défis, et un en particulier : l’amélioration de la qualité !
Certains se rappelleront que suis arrivé parmi vous en mars 2005, suite à une émission, sur RTL je pense, qui mettait à l’époque, via Richard, notre vignoble sous la rampe des projecteurs. Ayant suivi des cours d’œnologie (école de modestie), je voulais comprendre ce dont quoi était fait réellement ce que je buvais, …et comment on le réalisait. Et voilà que je tombe par hasard sur vous ! Quelle aubaine…
En 2005, je pousse donc la porte du vignoble pour la première fois, et tombe bien évidement sous le charme de ce site unique, où bon nombre de vignerons ont fait naturellement le premier pas vers moi pour bien vite m’indiquer ce que je devais faire face à ce que je n’avais jamais vu de ma vie : un pied de vigne belge, le fameux Léon Millot…
Cette année là, j’observe, participe au vignoble, mais ma tête est ailleurs et mon objectif déjà très clair : entrer dès septembre 2006 par la petite porte au chai, endroit magique où Christophe et ses amis vinifiaient un vin de garage (si je puis dire), et où le mot de passe ou le code d’accès semblait être : macération carbonique, macération carbonique, … du chinois pour moi à l’époque, qui ayant lu pas mal de bouquins, n’y connaissait en fait rien du tout…
Paul-Henri, maître des lieux, se souviendra peut-être de moi en train de suivre à la trace notre maître de chai, avec un bout de papier à la main et un crayon dans l’autre. Je voulais connaître la recette, la retranscrire, la codifier, la schématiser, … bref recomposer le puzzle. Et c’est en restant amble, que j’avoue aujourd’hui que cela m’a pris plusieurs années (grâce évidemment à Christophe, mais aussi à un autre vigneron, discret, doué et passionné de la Hulpe… John). Je reprends : Et c’est en restant amble, que j’avoue aujourd’hui que cela m’a pris plusieurs années pour bien assimiler les subtilités qui font la différence entre un vin que l’on produit, et un vin que l’on est fier de produire…
Revenons en 2010 : Les années ont passées, et Christophe me propose de prendre en main l’élaboration de blanc. Je suis évidemment prêt à relever le défi, sachant que je peux compter tantôt sur l’ensemble de nos membres (vendanges, mise en bouteilles, …), tantôt sur une bande de joyeux lurons vinificateurs, qui outre le nez et le palais bien développés, ont la langue bien pendue, aux profils les plus divers, toujours disponibles, et ayant chacun trouvé son rôle naturellement au chai…
Nous avons ici : Christophe et John pour les conseils technico-vinicoles de dernières minutes, Michel pour son ingéniosité et ses idées d’amélioration continue, Monique pour l’ordre et l’organisation du chai, Jacques pour sa disponibilité et son aide précieuses, Christian le maître des lieux sans qui il n’y aurait tout simplement pas de vin, car beaucoup de le savent pas, mais la fermentation du blanc a eu lieu dans le hall d’entrée de chez Christian où nous pouvions obtenir les 18°C nécessaires à cette fermentation. Je n’ouvre pas le débat ce soir, mais je crois que chacun comprendra l’importance de la maîtrise du froid … et du chaud dans un chai…
Je remercie également Tanja, Philippe, Bernard, Serge, Amaury, Jérôme, Carine et encore bien d’autres pour leur(s) intérêt(s) croissant(s) pour les activités au chai, ou encore (et croyez moi, ceux-ci ont de la bouteille) André, Juliette, Paul-Henry, Clarie, Philippe, Richard pour leur aide, leur bon sens et leurs expériences partagées lors de telle ou telle activité.
Bref, faire du vin, vous l’aurez compris, est avant tout une affaire d’équipe, une aventure humaine, où la camaraderie et la bonne humeur font heureusement bon ménage avec rigueur, chasse à la pifométrie, maîtrise et recherche de la qualité, seuls garants de la pérennité.
Mais qu'en-est-il maintenant de notre jeune blanc-bec 2010, fruit de votre passion et de celle de Ivan, ne l’oublions pas, qui ne demande qu’à agrémenter cette Saint-Vincent 2011, mais également à accompagner nos très prochaines activités au vignoble.
Certains le savent déjà, et je ne parlerai que pour le blanc ici ce soir, à l’instar de 2008, 2010 n’a pas été une année facile. En d’autres mots, un manque de sucre, et une acidité trop présente m’ont obligé à aborder le vin sous un angle technique. Jugez plutôt :
De 7.5° degré naturel, nous sommes passés à presque 11°, par chaptalisation
De 8 gr/L d’acide tartrique, nous sommes retombés à 7 !
De l’avis de notre équipe au chai, ce blanc mérite néanmoins toute votre intention, car votre passion aura finalement eu raison des conditions climatiques inappropriées. Au final, nous obtenons un produit plus qu’honorable. N’attendez bien sur pas de lui une longueur en bouche à la caudalie démesurée, et une mâche à faire pâlir un grand blanc des côtes méditerranéennes, mais recherchez plutôt le plaisir immédiat, sans se casser la tête, et je ne parle pas ici de migraine de soûlographe… Vous retomberez alors sur vos pattes, et pourrez saisir les arômes sans que cela ne devienne une intrigue policière. Vous reconnaîtrez dès lors l’agrume (pamplemousse), un côté fleuri, le bonbon acidulé, ou encore un peu de minéralité.
Pour terminer, je vous invite à lever votre verre, en vous remerciant encore une fois tous du travail accompli, et vous dit à bientôt au chai pour la mise en bouteille de notre blanc 2010.