Les conditions climatiques et d'autres indicateurs nous avaient avertis dès la fin de l'an passé: 2019 sera une "année à taupes". Voilà qui se confirme avec le retour du printemps: ces petits animaux ont commencé à envahir le sous-sol de nos pelouses et jardins.
A l'évidence, notre petit vignoble ne sera pas épargné: les premiers monticules sont apparus récemment, et confirment la présence de talpa europaea ou taupe d'Europe, la bonne vieille taupe de chez nous.
Les conséquences, on les connaît. Nous avons consulté France-Taupes, annuaire professionnel en ligne fort bien documenté: ce mammifère, myope comme chacun sait mais à l'odorat puissant, creuse des réseaux de galeries complexes et transforment le sous-sol en un véritable gruyère, détruisant du même coup le système de micro-drainage créé par les vers de terre, et attirant d'autres nuisibles encore plus destructeurs comme les campagnols terrestres.
Toujours selon France-Taupes, il faut compter une moyenne de dix spécimens par hectare de terrain concerné. Ce qui, rapporté à l'échelle d'un petit clos bien connu, nous permet d'affirmer qu'il y a au moins une taupe entre nos murs. Nous devons réagir et ne pas tarder.
Google, c'est bien connu, est notre ami. Du puits sans fond de sa mémoire, nous avons déterré des informations, conseils et retours d'expérience d'authentiques taupiers. A ce propos, ne manquez pas cette savoureuse vidéo où l'un d'eux relate ses quarante années d'expérience: neuf minutes de bonheur.
Plusieurs méthodes de lutte existent, souvent discutables. De la branche de rosier enfoncée dans le sol (La taupe, soi-disant hémophile, venant s'y piquer) aux coups de bêche expédiés d'une main ferme, en passant par des pièges particulièrement cruels, nous nous sommes vus suggérer des techniques à faire frémir les plus endurcis et dont l'énumération serait à cent lieues d'amuser la galerie. On en a même vu tenter de les enterrer vivantes mais, aux dires de certains, ça n'a pas marché.
A Villers-la-Vigne, nous refusons ces pratiques d'un autre âge. Les petites bêtes ne nous ayant rien fait, il suffit de les éloigner. Là encore les procédés existent.
Certains préconisent les pétards, tels ceux que les garnements de mon village jetaient dans les boites aux lettres avant de s'enfuir à toutes jambes, pétards que l'on enfoncerait à l'intérieur de la taupinière et dont la détonation souterraine chasserait la taupe assourdie chez le voisin le plus proche.
Mais il y a moins expéditif: enfouir des poils de chien à l'entrée de la taupinière, ou aussi y enfoncer des piquets de fer que l'on coiffe d'une bouteille en plastique retournée, dont le bruissement léger au gré du vent s'amplifie dans le sous-sol et éloigne les bestioles.
Ces deux dernières méthodes ont retenu notre attention et seront mises en œuvre lors de la prochaine réunion de travail du 6 avril.
Nous en appelons donc aux propriétaires de chiens qui perdraient leurs poils (Les chiens) de les récupérer et nous les apporter, et espérons ainsi en collecter en quantité suffisante. Ceux de couleur rousse, à l'odeur particulière, sont à privilégier. Les enfouir après avoir dégagé les entrées des taupinières sera sans difficulté aucune.
Pour la mise en œuvre de la seconde méthode, peut-être trouverez-vous au fond de votre remise de jardin des tiges de métal assez fines de type fer à béton, longues d'au moins un mètre. Pensez donc à les prendre et nous les planterons dans la plaine, à des endroits qu'il faudra déterminer en identifiant les galeries et leur direction afin de créer un maillage pas trop dense mais suffisant pour tenir les taupes à distance.
Toutefois, il nous semble que les bouteilles en plastique seront trop légères et susceptibles d'être emportées en cas de vent fort. Nous les remplacerons par des bouteilles en verre, que nous devrions trouver sans peine.
N'oubliez donc pas de vous munir d'un flacon empli d'un joli nectar et de votre verre à pied. En effet, ce sont ces bouteilles qui viendront recouvrir nos piquets anti-taupes une fois vidées.