Nous avons eu l’été au printemps. Et bien dansez maintenant.
Nous aurons le printemps… en été !
Onze degrés ce matin en roulant vers Villers parmi les maïs trop petits pour la saison, les céréales sauvées de justesse de la sécheresse et les plants de pommes de terre tout en fleurs tout de même. Nous aurons plus de chaume que de blé…c’est sûr…
Car S'il fait beau à la Saint-Guillaume, auras du blé plus que de chaume.
La météo prévoit le retour du grand bleu pour demain mais en attendant, les nuages et la bruine sont au quai des abonnés présents. Ne serait-ce pas déjà l’automne avant l’hiver…
Que nenni. Les vignerons belges en ont déjà vu d’autres et la grande foule est là ce matin pour nettoyer sous le rang, tondre la pelouse et palisser le vignoble.
L’engrais a revêtu l’entre rang de sa parure bleue et rouge.
Picasso nous l’avait peinte, cette fameuse période appelée bleue, marquée par les thèmes mélancoliques de la mort, de la vieillesse, et de la pauvreté, et qui ne l’a pas empêché d'être satirique.
Ici, cette couleur bleue et rouge nous donnerait plutôt l’allure d’une guinguette des bords de Seine, peinte par Renoir, vous savez, au Déjeuner des Canotiers, là où le petit vin blanc se boit sous les tonnelles et les lampions quand les filles sont belles…
Le soleil était sous nos pieds ce matin. Un tapis d’étoiles colorées parsemait nos pas précautionneux à ne pas les écraser en travaillant. La vigne est bichonnée par une équipe de vignerons et vigneronnes bien gaie sous la grisaille.
Depuis les engrais vert et l’approche bio d’application au vignoble depuis 2 ans, le travail des bénévoles d’avril à août se réduit à l’entretien sous le rang et la conduite des sarments qui poussent…qui poussent…qui poussent. Juste un peu de palissage, de rognage et d’épamprage. Le travail est moins pénible. Les volontaires bénévoles apprécient à leur juste valeur les conditions de travail. Peu de grève…à l’inverse de certains services publics bien connus ces derniers temps en Belgique.
Ah ce matin, le tableau champêtre est bien complet…si j’avais été peintre, je m’en serais donné à cœur joie !
Et … l'œuvre de Renoir est débordante d'une bonne humeur contagieuse à l’instant de passer à table sous les volutes de fumées chères à Gainsbourg au-dessus du barbecue de compétition entre les mains du pilote F1 Serge.
Le futur raisin est prometteur, les feuilles sont saines. La vendange sera précoce cette année puisque le beau temps à cette époque de l’année ne mûrit pas encore les grappes. Il influence la date à laquelle la fleur apparaît. Et comme les vendanges se font habituellement une centaine de jours plus tard…nous vendangerons en septembre au plus tard… !
Oh Roi Soleil, oh Sire, donnez-moi 100 jours comme disait l’informateur, Jean-Luc Dehaene au Roi en février 1992..
Pourvu que les dernières semaines d’août soient belles afin de pouvoir récolter à maturité notre cuvée 2011.
Il est midi et l’apéro est déjà dans les verres…5 des 20 derniers Blancs 2010, suivi immédiatement par la ruée vers le charbon de bois devenu bien roux et chaud. Pendant que certaines profitent agréablement de la galanterie de leurs maris en causant sous un coin de parapluie, d’autres sont prêts à s’offrir un petit coin de paradis fleuri pour avancer dans la file.
Et pendant ce temps-là, chez ces gens-là, Monsieur….une botaniste avertie nous établit une liste des plantes sauvages rencontrées sous nos pieds…plus de cent…qu’elle en a recensé et pour bien faire, elle devrait nous revenir pour pouvoir répertorier celles qui pousseront encore d’ici là.
Puis vient le moment où l'on parle de soi. Et la neige a fondu sous nos pas …ah non ça c’est Dassin dans le Café des Trois Colombes…et la viande a fondu sous nos dents…car…à la terrasse du jardin de l’Abbé, on mange, on rit et on déguste !
« Y a-t-il des vignes dans l’au-delà ? » demande un vigneron de Vézelay à son curé ?
La bonne nouvelle, dit-le curé, c’est que les terres du Paradis sont couvertes de vignobles extraordinaires.. Des Médocs à perte de vue, des Alsaces vastes comme dix Allemagne, des Bourgognes sans frontières, des Touraine sur 5.000 km de Loire…pas de gel, pas de grêle. Rien que des grands millésimes. Le Paradis, quoi !
Et la mauvaise nouvelle, demande le vigneron ?
Vous taillez les vignes dès demain matin !
Nous ne sommes vraiment pas si mal, à Villers-la-Vigne…
A bientôt – 10 juillet – au chai pour la mise en bouteille du Regent 2010 !