Ce mois de novembre restera gravé dans la mémoire des vinificateurs comme celui de l’arrivée de la première barrique de l’histoire du Clos de Villers-la-Vigne.
En effet, une superbe demi-barrique bordelaise de 112 litres, est fièrement entrée au chai ce 22 novembre en droite ligne du fournisseur de barriques du Château Lafon-Rochet, Grand Cru Classé de Saint-Estèphe, la société Saury. Issue des traditions et du savoir-faire des artisans tonneliers depuis de nombreuses années, la tonnellerie Saury s’impose aujourd’hui comme l’une des tonnelleries de France les plus renommées. Présente dans plus de 30 pays, la tonnellerie Saury dispose d’une maîtrise complète de la matière première pour sa production grâce à un approvisionnement 100% autonome en chênes français et une fabrication entièrement intégrée. Chacune de ses barriques et de ses cuves est soumise à un contrôle de qualité rigoureux à toutes les étapes d’élaboration.
Tel un cadeau de Noël avant l’heure, l’instant fut au recueillement, le temps de s’envoler au nirvana de la spiritualité des vignes célestes dans nos esprits pas encore embrumés.
La barrique arrive au chai de Villers-la-Vigne. Le Château Lafon-Rochet, GCC Saint-Estèphe
Souvenez-vous. Le 3 décembre 2016, Michel Tesseron, propriétaire du Château Lafon-Rochet est venu passer la journée à Villers-la-Vigne.
Michel Tesseron dans notre Clos du Bonheur. A l’abbaye, il admire les pierres et les arbres
Mon amitié sincère et profonde pour cet homme talentueux absolument charmant au verbe coloré et vrai était ici exaltée par sa venue en notre petit Clos du bonheur et je ne suis pas prêt d’oublier toutes les marques d’amitié, les échanges sincères et les promesses tenues que l’avenir nous a offerts par la suite. Quelle ne fut pas sa surprise de voir une bande d’irréductibles gaulois faire un vin de qualité au Nord de la Champagne et en plus du rouge pardi.
Séduit par notre cuvée 2014, il promet de nous envoyer à ses frais une demi barrique (appelée aussi feuillette=112 litres) pour nous proposer de faire un essai d’élevage du Regent en fût lors d’une prochaine vinification, surtout pour créer ce beau phénomène de la micro oxygénation. Cette offre fait suite à l’analyse élogieuse de notre Regent 2014 par son directeur technique et par son Maître de Chai du château Lafon-Rochet, Frédéric RENAUT, le 27 janvier 2017 : « La découverte d’aujourd’hui : un cépage peu répandu, le régent. D’une couleur rouge rubis, moyennement intense, mais avec un très bel éclat témoignant de sa jeunesse. Dès le premier nez nous avons des notes de fruits à baies rouges tel que la groseille, et à l’agitation un caractère un peu plus épicé, réglisse, complète un nez complexe. Cette précision aromatique se prolonge en bouche, avec des tanins denses, présents avec une belle onctuosité. Le vin est précis, très bien structuré, l’équilibre avec l’acidité permet de prolonger une finale gourmande et poivrée. il nous laisse une impression de vin droit, précis, aromatique, qui pourrait très bien vieillir de nombreuses années et voire même supporter un élevage en barrique juste pour conserver son potentiel de garde tout en étoffant sa structure et complexifiant ainsi son caractère. » Frédéric RENAUT Château Lafon-Rochet
Les recommandations sont alors d’arrondir la fin de bouche par une micro oxygénation en fût peu chauffé pour ne pas marquer par le bois notre vin mais permettre ce merveilleux phénomène de l’arrondissement des saveurs et arômes et le venue des tannins doux et soyeux par une oxygénation lente, très lente et contrôlée de se produire. Michel me sort alors cette phrase qui restera résonner de nombreux mois dans ma tête : « ´Je m’occupe de ta demie barrique maintenant que tu sais enfin que le REGENT, pour devenir un ROI doit passer désormais par le bois. Je rappelle que le BOIS ne doit être qu’un léger maquillage destiné à sublimer la perfection d’un visage et non une couche de fard destinée à combler les rides d’un visage abimé par les excès d’âge, de boisson ou d’amour. Cela doit rester ce léger nuage parfumé qui te fait tourner la tête et monter les envies, pas de les assouvir. Pour moi le bois doit rester un léger vernis sur un bois précieux.»
Tout était dit. L’arrivée de cette feuillette de 112 litres a été remplie jusqu’à la bonde ce lundi 25 novembre avec amour infini, curiosité partagée, passion débridée, inexpérience compréhensible par une équipe VINI fébrile.
Sur sa palette…merci Xavier
Le premier remplissage L’intérieur de la barrique neuve
Une nouvelle ère commence. Rendez-vous au chai pour de nouvelles aventures.