Une délicieuse fraîcheur automnale enveloppe notre petit clos de bonheur tandis que le soleil darde ses premiers rayons sur la vigne encore tout ébourbie. De belles grappes de Regent, fièrement accrochées à leurs ceps, attendent sagement.
Les vendanges, c'est l'aboutissement d'une année de labeur, d'espérances, d'incertitudes. Une année où, forts des enseignements du passé, nous avons envisagé, tenté, osé, douté, persévéré. A maintes reprises on a scruté feuilles et grappes naissantes, à l’affût de la moindre déficience. Chacun des ceps a été choyé, depuis la taille jusqu'à aujourd'hui. Ce fruit qui s'offre à nous, c'est la vigne qui honore nos efforts. Tout à l'heure, les « clac ! » de nos sécateurs sonneront clair comme pour dire merci.
Un grand jour donc. Les premiers vignerons franchissent la porte du petit écrin de verdure et de pierre. Retrouvailles, accolades, embrassades, et c'est parti ! Cette année, c'est du sérieux : la RTBF est là et va tourner un documentaire pour l'émission « «C'est du Belge » du vendredi 09 octobre. Ne ratez cela sous aucun prétexte !
Des filets enveloppent gracieusement chaque rangée de la vigne, lui donnant des airs de veuve voilée de noir. Il protègent la précieuse récolte de la voracité des oiseaux. Une nuée est si vite arrivée, et peut ravager nos efforts en un tournemain ! Il nous faut donc les ôter, les dégager de la végétation, et les passer par dessus les rangs (Les grands sont mis à contribution), pour les replier précautionneusement ensuite.
Un petit briefing. Jean-Jacques, notre Chef de Culture, nous rappelle le mode opératoire que beaucoup d'entre nous connaissent déjà : traiter chacune des grappes avec une infinie tendresse, et peser la récolte rang par rang pour une connaissance plus fine des potentialités de la vigne.
Les conversations vont bon train dans les rangées. Bonne humeur, blagues et boutades ponctuent la danse des sécateurs virevoltant entre les feuilles.
D'autres s'affairent au tri. Ciseaux ou coupe-ongles à la main, on examine la récolte… grappe par grappe ! Impitoyablement sont éliminés les grains pourris ou abimés, mais aussi les coccinelles et autres insectes bien cachés. C'est du boulot ? Certes, mais la table de tri est un lieu de convivialité où tant de fois déjà on a refait le monde, où l'on se doit d'être passé au moins une fois pour justifier son label Authentique Vigneron de Villers-la-Vigne.
Midi déjà ! Jean-Jacques a allumé un bon feu pour notre barbecue. Brochettes, viandes et autres réjouissances gustatives viendront s'y faire dorer et, à l'aide de quelques bouteilles de vin bien choisies, vont illuminer nos papilles et ponctuer notre bonheur d’œuvrer tous ensemble pour une bien noble cause. Des moments comme celui-là , ça n'a pas de prix.
Allez, on s'y remet ! Les chiffres qu'on nous annonce nous mettent du cœur à l'ouvrage : la vigne nous a gratifiés de 776 kilos de raisin, dont on n'a éliminé qu'un peu moins de 10%. Avec la perspective d'environ 500 bouteilles au final. Pas mal, non ?
Voilà, c'est trié ! Dernière étape : acheminer le raisin au chai. Il faut avoir vu au moins une fois cette longue chaîne de vignerons portant les contenants bleu remplis de raisin, telle une énorme chenille qui traverserait la route.
Les caisses sont empilées, la récolte stockée. André accorde un dernier entretien aux reporters de la RTBF, et l'on s'en retourne au vignoble où nous attend un petit Marc de Villers-la-Vigne offert à l'initiative de notre Président. Personne n'a envie de partir.
Quelle belle journée ! A ce propos, voyez donc la galerie photos concoctée par votre serviteur.
Philippe Le bonheur, c'est simple comme un verre de bon vin.