Le grand jour ! La consécration d'une saison de labeur. C'est un peu comme si le vignoble nous remerciait, à sa manière, pour les attentions et les soins prodigués pendant cette période.
Idéalement, il aurait fallu attendre encore un peu. Mais les conditions climatiques, favorables jusqu'en juillet, se sont dégradées ensuite. Août et septembre ont soumis le raisin à rude épreuve. Il ne fallait plus attendre. Décision fut prise alors de vendanger plus tôt que prévu.
Sans doute instruits par l'expérience, les diseurs de bonne aventure météo ne s'étaient guère hasardés à de franches affirmations pour ce samedi. Bien leur en prit: un ciel plombé, deux bonnes grosses draches bien de chez nous, et même un tout petit rayon de soleil furtif, tout là bas (Puisque je vous dis que je l'ai vu!), voici quels furent, pêle-mêle, les ingrédients climatiques de cette journée.
Qu'à cela ne tienne! Coeur à l'ouvrage, sécateur à la main, une bonne trentaine de vendangeurs étaient là. Cette journée particulière a ceci de magique qu'elle attire une multitude cosmopolite et bigarrée: confrères, proches, conjoints, enfants, amis, anciens, curieux de passage, …..
Cueilli par une première équipe, pesé sous l'oeil vigilant de Monique, et voilà le raisin sur de grandes tables, livré aux mains expertes d'une seconde équipe, affectée au tri. Un examen sévère, grappe par grappe, afin d'éliminer les grains atteints par la pourriture, et voilà la précieuse récolte soigneusement placée dans de grands bacs.
La pluie arrosa copieusement le raisin. Certes, ce n'est pas idéal pour la suite des opérations. Mais un stratagème avait été mis au point pour tourner la difficulté lors de la vinification. A Villers, on en a vu d'autres..
Finalement, ce furent 586 kilos de raisin, prêts à partir pour le chai, vers la grande aventure de la vinification. Avec, à la clé, la promesse d'environ 350 bouteilles pour le printemps prochain. De quoi aborder les premiers frimas en toute sérénité…
Jadis, aux Enfers certes, il a souffert, Tantale Quand l'eau refusa d'arroser ses amygdales Etre assoiffé d'eau c'est triste, mais faut bien dire Que l'être de vin c'est encore vingt fois pire… (Georges Brassens)
C'est désormais vers le chai que se tournent les regards. Tour à tour orfèvres et alchimistes, nos éminents vinificateurs sont désormais au travail, oeuvrant pour la plus noble cause.